Les cooperatives sangwe pour le developpement inclusif de la population.

Les projets relatifs à l’agriculture et à l’élevage sont les principales activités qui sont en train d’être réalisées par les membres des coopératives Sangwe installées sur toutes les collines des provinces de Ruyigi et Cankuzo. Malgré certains défis, ces activités avancent bien et le rendement est satisfaisant. Cela ressort de notre rencontre avec les responsables administratifs, les coordonnateurs et les membres des coopératives sur l’état d’avancement des activités de ces dernières. Ils apprécient le prêt de dix millions de FBu que le gouvernement a accordé à chaque coopérative et se réjouissent du rendement déjà obtenu. Ils encouragent les membres des coopératives à continuer sur cette lancée et invitent ceux qui ne se sont pas encore fait inscrire dans les coopératives à se joindre aux autres pour un développement inclusif.

Parlant des activités des coopératives Sangwe en province de Ruyigi, le chef de cabinet du gouverneur, Valéry Nkunzimana, a d’abord indiqué que cette province compte sept communes, cent septante huit collines et que les coopératives Sangwe sont installées sur toutes ces collines. Il se réjouit de la façon dont la population de la province de Ruyigi a répondu à l’appel du chef de l’Etat burundais de se regrouper en coopératives. « Aujourd’hui, nous sommes à plus de six cent coopératives. Elles sont trop nombreuses. Au début, il était prévu une seule coopérative sur chaque colline avec plus ou moins cinquante personnes. Mais après les séances de sensibilisation que nous avons organisées à l’endroit de la population, ils ont répondu massivement. Sur chaque colline il y a beaucoup d’adhérents de telle sorte que le nombre de cinquante personnes qui était prévu a été largement dépassé. Nous avons été alors obligés  de créer beaucoup d’autres coopératives pour que tous les habitants qui le souhaitent ne manquent pas de coopératives. Aujourd’hui, il y a des collines qui comptent quatre ou cinq coopératives ».

L’administration oriente et prodigue des conseils aux coopératives

D’après le chef de cabinet du gouverneur de Ruyigi, les principaux projets que les coopératives sont en train d’exécuter sont liés à l’agriculture et l’élevage. « Ce sont les projets qui ont été recommandés par le gouvernement ». M. Nkunzimana se réjouit du fait que l’objectif du gouvernement de regrouper la population dans les coopératives a été atteint dans cette province.

Concernant l’apport de l’administration dans les activités des coopératives, notre interlocuteur souligne que l’administration suit de près les activités des coopératives. « Nous avons déjà un coordonateur des coopératives au niveau de la province. Il se rend souvent sur terrain pour s’enquérir de l’état d’avancement de l’exécution des projets et pour encadrer les coopératives ».  M.Nkunzimana souligne aussi que l’administration organise souvent des séances de sensibilisation pour donner des orientations à la population en ce qui concerne la gestion  des coopératives et l’utilisation des dix millions qui leur ont été prêtés par le gouvernement, tout en leur rappelant que cet argent n’est pas un don mais plutôt un crédit remboursable. Ces réunions visent aussi à trouver des solutions à certains défis auxquels se heurtent les coopératives.

Pour le coordonateur des coopératives  et associations de la population dans cette province, Nestor Ikorivyishaka, le gros de ses activités consiste à sensibiliser la population pour continuer à se réunir en coopérative; à encadrer aussi les membres des coopératives et associations pour qu’ils sachent comment ces dernières fonctionnent, comment gérer les moyens financiers, comment mettre en place les lois et règlements, etc. « On les aide aussi dans le processus d’agrément au niveau de l’Agence nationale de promotion et de régulation des sociétés coopératives au Burundi (Anacoop) ainsi que dans la planification des projets à exécuter. On les sensibilise aussi à continuer à donner leurs cotisations mensuelles pour la réalisation d’autres projets ».

Il en va de même pour la province de Cankuzo où l’administration, en collaboration avec le coordonateur des activités des coopératives, effectue des descentes sur les collines afin de sensibiliser les membres des coopératives pour la bonne gestion des coopératives et des productions. Ces descentes visent aussi à inviter les coopératives à se conformer au manuel de procédure administrative et à la loi pour qu’ils aient des facilités dans la mise en place des comités dirigeants des coopératives ; comme le souligne le conseiller du gouverneur, Silas Nimbona.

Les lacunes sont levées petit à petit grâce aux séances de sensibilisation

Concernant la mise en exécution des projets que les coopératives se sont assignés, le coordonateur des activités des coopératives et associations dans la province de Ruyigi souligne que les coopératives sont à l’œuvre et qu’il existe encore quelques lacunes qui découlent du fait que la politique des coopératives est venue au moment où la population ne savait pas encore ce que c’est une coopérative et comment elle fonctionne. «Les gens ne savaient pas la différence entre les coopératives et les autres associations. C’est pourquoi après une année, les membres des coopératives avaient tendance à partager l’argent comme ils avaient l’habitude de le faire dans d’autres associations. Mais, grâce aux efforts des autorités administratives et les descentes que nous effectuons souvent au sein des coopératives, il y a eu changement de mentalité. Aujourd’hui, ils travaillent sans toutefois penser à partager les dividendes de leurs activités ».

D’après M. Ikorivyishaka, après avoir reçu les dix millions de crédit octroyés par le gouvernement, les membres de certaines coopératives ont voulu partager cet argent pour que chaque membre  achèter du bétail afin de l’élever chez lui pour le compte de la coopérative. Nous leur avons montré le bienfait de travailler ensemble et les problèmes qu’ils peuvent rencontrer si une fois ils partagent cet argent. « Mais, maintenant nous voyons que les coopératives sont sur une bonne voie. Nous continuons de corriger de telles erreurs à travers les sensibilisations que nous organisons chaque jour ».

Les défis ne manquent pas

A la question de savoir les grands défis auxquels se heurtent les coopératives, M. Ikorivyishaka souligne qu’en agriculture, ils sont notamment liés aux aléas climatiques et au manque des terrains cultivables. Selon lui, les membres des coopératives exécutent leurs projets dans des terrains loués et après une période convenue ils sont obligés de les remettre aux propriétaires. « Les terrains de l’Etat que les communes prêtent aux coopératives ne peuvent pas suffire car elles sont trop nombreuses ». Un autre défi est lié aux maladies qui attaquent les plantes. « Mais la Direction provinciale de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage aide souvent les coopératives à trouver une solution à ce problème ».

Quant à l’élevage, le coordonateur des activités des coopératives et associations indique qu’il y a des maladies qui ont attaqué les porcs et les chèvres qui ont fait qu’on enregistre une perte énorme. « Dans notre province, il n’y a pas beaucoup de pharmacies vétérinaires. Cela est un autre défi en ce qui concerne l’élevage car quand une maladie se manifeste, la population ne trouve pas facilement de médicaments. Nous sommes ainsi en train de sensibiliser les coopératives qui le peuvent de mettre en place des projets de commercialisation des médicaments vétérinaires ».

Pour la province Cankuzo, à côté des aléas climatiques,  les coopératives Sangwe font face au manque du marché d’écoulement de leur production. Ainsi, le conseiller du gouverneur remercie le gouvernement d’avoir pris la mesure de collecter la production du maïs. Toutefois, il espère que ce sera de même pour les autres produits, comme le haricot, le riz, le blé et autres céréales. « Ce serait  une des réponses à ce défi lié au manque du marché d’écoulement de la production agricole ». Quant au manque des terrains cultivables qui se remarque dans d’autres provinces, M. Nimbona souligne que cette question ne se pose pas beaucoup dans cette province. « Ce n’est pas un grand défi pour les coopératives de notre province », dit-il.

Les coopératives se préparent à rembourser le crédit

Concernant le remboursement du crédit octroyé par le gouvernement, le chef de cabinet du gouverneur de Ruyigi laisse entendre que presque toutes les coopératives travaillent bien et sont prêtes à rembourser le crédit.  « Pour certaines coopératives qui semblent être en arrière, on continue à les sensibiliser et à les encourager afin qu’ils fassent tout pour qu’au moment venu ils puissent rembourser ce crédit sans difficultés ».

A la question de savoir si, compte tenu des projets que les coopératives sont en train d’exécuter, le crédit octroyé par le gouvernement est suffisant, M. Nkunzimana affirme que cet argent n’est pas suffisant. « Par exemple, pour une colline qui compte cinq coopératives, elles se sont partagé les dix millions prêtés  par le gouvernement. C’est-à-dire que chaque coopérative a reçu deux millions. Or, avec deux millions on ne peut pas créer une coopérative qui compte par exemple cinquante personnes, voire plus. D’où nous demandons au gouvernement de voir comment augmenter le crédit en vue de permettre aux coopératives de réaliser de grands projets qui puissent générer beaucoup de bénéfices car aujourd’hui ils sont en train de réaliser de petits projets qui donnent un rendement très minime ».

Quant à la valeur ajoutée des réalisations des coopératives, le chef de cabinet du gouverneur de la province de Ruyigi dit qu’elle s’est déjà manifestée. Tenez!  Les coopératives se sont déjà  réunies en confédération. Elles sont entrain de verser des cotisations pour la construction d’une usine de transformation des produits agricoles. « Le projet arrive à un niveau suffisant, car le bâtiment où seront installées les machines de transformation est déjà achevé ».  Selon lui, une fois ces machines installées, on va transformer le maïs et d’autres céréales ainsi que le manioc sec.

Les coopératives Sangwe, source du changement de mentalité

Nous avons cherché à savoir si au niveau de l’administration des deux provinces on voit que les coopératives Sangwe peuvent être la source de changement. Pour le conseiller du gouverneur de la province de Cankuzo, M. Nimbona, vu la façon dont les habitants se sont fait inscrire dans les coopératives et la production qu’elles obtiennent au cours de différentes saisons culturales, c’est clair et net que les coopératives Sangwe ont apporté des changements dans la vie et dans le raisonnement de la population. « La population a répondu à l’appel chef de l’Etat de se regrouper en coopératives afin que chaque poche ait de l’argent et que chaque bouche ait à manger ».  M. Nimbona se réjouit ainsi du fait qu’aujourd’hui la production est bonne. « La preuve en est que la province de Cankuzo est classée troisième en ce qui concerne la production du maïs ».

C’est la même satisfaction pour le chef de cabinet du gouverneur de la province de Ruyigi, M. Nkunzimana. Il indique que, compte tenu de la façon dont les membres des coopératives sont en train de travailler ensemble dans les coopératives et associations, il y a un changement de mentalité de la population. « Sans doute que la population et tout le pays pourront se développer». Il encourage ainsi les membres des coopératives de toujours travailler en harmonie et dans l’entente. Il invite aussi les responsables des coopératives à travailler dans la transparence.

Pas  de discrimination dans l’adhésion

Répondant à ceux qui pensent que n’adhèrent aux coopératives Sangwe que les membres du parti au pouvoir, le conseiller du gouverneur de la province de Cankuzo souligne que les gens se sont fait inscrire de leur propre gré. «Les membres des coopératives se sont fait inscrire  volontairement sans discrimination ethnique, politique ni religieuse.  On n’a forcé personne ». Selon lui, ceux qui croyaient que les coopératives Sangwe sont là pour les membres du parti au pouvoir seulement, ce sont des paresseux. « Ce sont des gens qui ne veulent pas travailler ». Il indique ainsi que les portes des coopératives Sangwe sont ouvertes pour tout le monde et que les dix millions prêtés par l’Etat ont été donnés pour tous les habitants de la colline sans exception aucune. Il demande à la population de se faire inscrire dans les coopératives pour profiter, avec les autres, de ce crédit.

Ainsi, M. Nimbona demande aux membres des coopératives de bien s’organiser et bien exécuter leurs projets afin d’avoir un bon rendement. « Nous invitons les membres des coopératives à bien travailler pour que la production puisse augmenter davantage. Cela leur permettra de rembourser sans difficulté le crédit octroyé par le Gouvernement. Nous leur interpellons aussi à avoir des comptes dans les banques pour que, en cas de besoin, ils puissent avoir des facilités aux crédits sans toutefois attendre le prêt du gouvernement ».

La coopérative de la colline Muterero est à l’œuvre 

Nous nous sommes rendus sur la colline Muterero dans la commune et province de Cankuzo pour nous rendre compte de l’état d’avancement des activités de la coopérative Sangwe de cette localité. Le président et représentant légal de cette dernière, Gilbert Buyego, nous a indiqué que cette coopérative compte cent et sept membres et qu’ils sont à l’œuvre en exécutant des projets liés à l’agriculture, à l’élevage et à la fabrication des briques cuites. « On cultive principalement le haricot, la pomme de terre, le manioc, etc, et on élève les porcs et les chèvres ».

Le président et représentant légal de la coopérative Muterero apprécie la façon dont l’administration suit de près les activités des coopératives

Selon M. Buyego, à côté du crédit octroyé par l’Etat, les membres de la coopérative donnent aussi des cotisations afin d’exécuter des projets, autres que l’agriculture et l’élevage. Parlant du rendement issu des activités agricoles et d’élevage, il indique que la production n’a pas été bonne pour la saison culturale A de cette année, suite aux conditions climatiques qui n’ont pas été favorables. « Par contre, l’élevage nous donne un rendement satisfaisant car le bétail se multiplie très rapidement ». Pour ce qui est de la fabrication des briques cuites, M. Buyego souligne qu’ils font face à un manque du marché d’écoulement. Ils se heurtent aussi à une concurrence des gens qui ont reçu des autorisations, de la part de la commune, pour fabriquer des briques pour la construction de leurs premiers logements. Mais au lieu de construire les maisons, ils sont plutôt en train de vendre ces briques à moins cher par rapport à celui de cette coopérative.  « Vu les moyens investis pour la fabrication des briques, nous préférons ne pas vendre nos briques à ce prix de peur d’enregistrer une énorme perte ».

Malgré les quelques défis, M. Buyego se réjouit de l’état d’avancement  des activités de sa coopérative et apprécie l’apport de l’administration et la façon dont elle suit de près les activités de toutes les coopératives, en général et de celles de la coopérative Muterero, en particulier.

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